Il importe d’être particulièrement attentif à notre argumentation pour dénoncer les pièges de cette nouvelle organisation du travail (notamment dans les centres urbains compte tenu des durées de transport dans des conditions souvent très pénibles).
Les salariés risquent bel et bien d’être dans un premier temps séduits par les propositions de l’employeur censées leur permettre de concilier leurs contraintes familiales et professionnelles et d’organiser leur vie harmonieusement.
Les directions d’organisme ne manqueront pas de mettre en avant tous les supposés « avantages » du télétravail, qui sera présenté comme une manière de s’inscrire dans une démarche de développement durable au cœur d’une « politique socio-environnementale moderne » !!!
En réalité les employeurs par ce biais espèrent réaliser des économies de coûts de gestion : réduction des coûts immobiliers (charges, loyers), gains importants d’espace, augmentation de la productivité au travers notamment de la réduction de l’absentéisme. Le télétravail va accompagner les restructurations internes à l’entreprise. En ces temps de fusions d’organismes le salarié qui se verra proposer une nouvelle affectation éloignée de son domicile l’obligeant à déménager pourrait bien préférer la « solution » du télétravail.
Les entreprises employant des télétravailleurs demandent que les frais de mise en place du télétravail (comme l’achat du matériel mis à la disposition du salarié) soient déductibles de l’impôt sur les sociétés. Elles espèrent également obtenir une diminution de leurs participations aux frais de transport des salariés et une réduction de la cotisation accidents du travail. Le nombre d’accidents du travail et de trajet devrait effectivement être moins important, d’autant qu’ il appartiendra au salarié d’apporter la preuve que l’accident est imputable à son activité professionnelle. A cette occasion, l’employeur peut en profiter pour remettre en cause des avantages acquis, tels le bénéfice du ticket restaurant.
Mais avec cette nouvelle forme d’organisation du travail, le temps de travail n’est plus l’indicateur référent pour mesurer la contribution du salarié. L’estimation du travail effectué s’apprécie au regard des objectifs fixés et de la charge de travail confiée au télétravailleur par son entreprise. Mais si la charge de travail, fixée par l’employeur, est trop lourde il sera très difficile de trouver un juste équilibre entre le temps professionnel et le temps personnel. Le salarié risque de voir son travail envahir progressivement son temps de loisir ou de repos et l’équilibre tant recherché entre vie professionnelle et vie personnelle sera impossible à trouver. Le salarié peut même être amené à travailler quotidiennement et hebdomadairement en dehors des horaires prévus à son contrat voire même au-delà des maxima prévus par la loi, sans respecter son temps de repos légal.
Le travail à domicile n’empêche pas l’employeur de contrôler l’activité de son salarié. Les technologies de l’information permettent d’enregistrer et de garder les traces de son activité (enregistrement du temps passé sur son ordinateur, temps de connexion à l’extranet de l’entreprise…). Le salarié est également exposé au risque d’être à tout moment joignable par son employeur.
Par ailleurs, le télétravailleur sera la plupart du temps isolé de son collectif de travail , distant des collègues de son entreprise. Il ne disposera pas facilement des informations syndicales (tracts, réunions d’informations). Le contact avec les représentants du personnel ne sera possible que par internet. L’accès à l’intranet de l’entreprise peut s’avérer impossible.
Au final le rêve de beaucoup risque bien de virer au cauchemar et à une nouvelle forme d’esclavage.
Il nous appartient d’alerter les salariés des dangers inhérents à cette nouvelle organisation du travail même basée sur le « volontariat » (illusion qui ne tient pas dans le temps) pour impulser des mobilisations contre sa mise en œuvre.
Pour SUD Protection sociale, le télétravail n’est pas de nature à apporter une réponse adéquate aux difficultés rencontrées au sein de nos entreprises, en particulier dans le cas des réorganisations / fusions d’organismes.